Bio ?  « Le bio, c’est cher », « Le bio c’est pour les bobos »… Beaucoup de choses sont dîtes sur l’agriculture biologique. Faisons un petit tour d’horizons des raisons qui m’ont poussé vers cette voie.

Tout d’abord, je n’ai pas été élevé au fin fond du Larzac par des post soixante-huitards. Bien que fils d’Aveyronnais, je suis né à la frontière de la Normandie, de l’ile de France et de la région Centre dans la vallée de l’Eure. Le mot bio n’a jamais été prononcé pendant mon enfance. Mon papa faisait son potager comme lui avait appris ses parents avec du fumier, de l’eau et du bon sens. Je n’ai jamais vu d’engrais chimique ni de pesticide dans mon jardin. J’ai commencé à prendre conscience de l’enjeu à l’adolescence quand les « agriculteurs », n’allez surtout pas les appeler « paysans » (ils en ont perdu le bon sens), déversaient sur les champs des traitements chimiques tout autour de chez nous. Résultat, regardez l’état des terres dans la Beauce : stériles et sans vie. Essayez de trouver un ver de terre dans cette plaine désolée… Bref, je ne comprenais pas.

J’ai grandi, j’ai fait mon bonhomme de chemin. DUT Génie biologique à Evreux, Ingé production en agroalimentaire en Bretagne pour arriver à Paris en 2008 dans un Master Marketing à Dauphine. Autant dire, un parcours de champion pour finir soldat dans l’agro-business ☹

Sauf que pendant cette période, j’ai commencé ma révolution intérieure à la vue des non-sens de l’agro-industrie. Mon arrivée au sein d’une entreprise membre de la PFCE (Plateforme Française pour le Commerce Equitable) a fini par clore tout débat : le bio est indissociable du commerce équitable.

En effet, qui est la première victime de ce système qui tourne sur la tête ? Le producteur. C’est lui qui prépare, charge et épand ce que l’on appelle des intrants. Au Nord comme au Sud, c’est lui qui en prend plein sa santé. Lui et sa communauté.

La seconde victime, c’est Dame Nature. Oui, la Nature dans son ensemble, la fameuse biodiversité. Celle qui s’effondre à vue d’œil. Pesticides qui déciment les insectes. Herbicides qui flinguent pour ne laisser pousser que des OGM.

Depuis 2018, nous avons intégré le conseil d’administration de l’association BIO 63. Une association de producteurs, plurielle, qui défend une bio éthique pour les éleveurs, les cultivateurs, petits et grands. Une bio d’avenir. Au contact des pionniers auvergnats, on y apprend beaucoup. On respecte le cheminement de ceux qui ont tourné le dos aux modèles « conventionnels ». Ce mot également est porteur du malaise ambiant. Pourquoi l’industrie mise en place avec le savoir-faire des leaders de l’industrie de guerre a-t-elle pris le pas sur l’agriculture paysanne. J’entends déjà s’insurger une horde syndicaliste à mon égard : « Qu’en est-il du progrès ? de nos marges ? de nos rendements ? »

Le progrès ? Le progrès se lit dans les avancées scientifiques. Nous ne devons pas renier 70 ans de recherches mais simplement tirer les conclusions que le modèle imposé n’est pas soutenable. Il y a d’énormes progrès en cours sur les semis couverts, l’arrosage goutes à goutes associé à l’IA… Les nouveaux agriculteurs en bio sont des sources de savoirs intarissables sur la lutte biologique bien plus technique qu’une simple aspersion de chimie.

Les marges ? La polyculture limite les risques et préserve les marges. Seconde question, à qui vendez-vous ? longueur des circuits ? Demander à vos voisins qui ont franchi le pas, ont-ils diminué leurs revenus ?

Enfin, la sacro-sainte question des rendements ! Oui les rendements en bio sont moindres sur certaines cultures, mais gardons en tête qu’en Europe on jette 30 % de ce que l’on produit. Lutter contre le gaspillage reste la meilleure façon de produire moins mais mieux.